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L'INTERVIEW

DEUX JOUEUSES VALORANT PARLENT DU JEU ET DE SES SOFT SKILLS EN INTERVIEW

Leurs réponses à nos questions

Peux-tu te présenter et expliquer ton parcours sur Valorant ?

Armelle : “Je m’appelle Armelle et j’ai 27 ans, je suis créatrice de contenu pour l’équipe esport Fnatic. Je joue aux jeux vidéo depuis que j’ai 2 ans. J’ai commencé avec des jeux comme Mario Kart et Mario Bros., et je me suis mise à Valorant dès la sortie du jeu en version béta en 2020. Je reste beaucoup en parties classées en solo queue, à la fois pour me prouver que je suis capable d’avoir un bon niveau sans l’appui des coéquipiers, mais aussi pour le prouver aux autres. »

Dustikrab : “Mon pseudo c’est Dustikrab, et en août ça fera 3 ans que je streame sur Twitch. Je suis sur Valorant depuis 2 ans mais sans y jouer trop sérieusement, je joue essentiellement pour le fun et je fais du multi-stream.”

Selon toi, quelles soft skills sont les plus mobilisées dans le jeu ?

Armelle : “Je dirai que c’est important d’avoir de l’intuition, mais c’est surtout le côté stratégique qui est à privilégier. Les réflexes prennent aussi une part importante en jeu : je fais souvent travailler ma mémoire musculaire dans le mode entraînement contre des bots pour être plus précise une fois en LAN contre les adversaires. Pour moi qui suis habituée des parties en solo queue, j’ai moins souvent recours aux chats vocaux pour échanger avec les membres de l’équipe ; mais ça n’en reste pas moins un des points essentiels sur lesquels se focaliser en jeu. “

Dustikrab : “La communication est primordiale pour donner l’emplacement des ennemis ou l’emplacement de sa propre mort par exemple. Ensuite, je dirai que l’esprit d’équipe joue un rôle important sur le mental : que ce soit pour soutenir ses coéquipiers ou transmettre la volonté de ne rien lâcher, avoir un bon esprit d’équipe fait partie des essentiels du jeu. La persévérance rentre également dans le lot pour encourager l’équipe dans les situations où il faut reprendre le dessus en jeu par exemple. Une des compétences qui peut également aider selon moi est la capacité à gérer plusieurs choses à la fois : regarder la carte régulièrement, demander où sont les ennemis, se positionner par rapport à ses alliés…”

Est-ce que tu pratiques une activité culturelle autre à côté de cette passion du jeu vidéo ?

Dustikrab : “Je lis beaucoup de livres, et je regarde aussi pas mal de séries en tous genres.”

Quelles soft skills développées via le jeu t’aident dans la vie de tous les jours ?

Armelle : “Le fait de jouer à Valorant m’a beaucoup aidée à développer mon mental, à garder mon sang-froid et à rester calme dans certaines situations au quotidien quand je joue en stream notamment.”

Dustikrab : “Je dirai en grande partie le mental : à une période, j’ai travaillé dans une entreprise où j’avais constamment besoin de savoir rester calme, patiente et d’avoir beaucoup de sang-froid. Le fait de jouer m’a également aidée pour ce qui est de la communication ; j’ai mieux appris à aller vers les autres lorsqu’ils ont besoin d’aide ou tout simplement à être à leur écoute.”

Que penses-tu du fait de repérer les soft skills via les jeux vidéo ?

Dustikrab : “Je pense que ça peut paraître assez complexe pour quelqu’un de totalement extérieur à ce domaine pour un entretien, mais en combinant cette méthode avec un entretien oral ça peut très bien faire l’affaire oui.”

Armelle : “Je pense que c’est un très bon moyen de révéler et développer l’intelligence de certaines personnes au travers de la pratique, et qui sont moins enclines à apprendre avec beaucoup de théorie comme on a l’habitude de voir à l’école. Ça laisse une possibilité de développement pour ceux dont le côté créatif prend le dessus dans ce qu’ils aiment faire.”

Que penses-tu de l’idée de recruter via le jeu vidéo  ?

Dustikrab : “Je trouve ça très pertinent, mais je trouve dommage que certains aient encore quelques réticences dues à la « jeunesse » du domaine notamment, et n’en aient pas totalement confiance.”

Si demain lors d’un entretien d’embauche on te demandait de jouer à un jeu vidéo, comment réagirais-tu ?

Armelle : “Je dirai « c’est trop bien » ! Selon moi, tout le monde a une façon différente de se vendre, et il ne faut pas juger une personne en se basant sur le résultat d’une seule évaluation dans un domaine quand on fait passer un entretien, il faut la tester un peu plus dans la globalité. Donc oui, je serai totalement pour faire passer un entretien via le biais d’un jeu vidéo.

Dustikrab : “Je serai trop contente ! Etant actuellement en recherche d’emploi, ça me ferait plaisir de passer un entretien d’embauche via un jeu comme Overcooked ou Trackmania, je pense que je serai bien plus à l’aise qu’en passant un entretien classique.”

Quel était le point de vue de tes parents sur la question quand tu étais plus jeune  ? 

Dustikrab : “Mes parents ont une mentalité plutôt ancienne école sur le sujet. Ils me répétaient souvent que le jeu vidéo est essentiellement un passe-temps et qu’il ne faut pas en abuser, ils étaient à la limite de dire que ça rend violent… Comme mon père ne voulait absolument pas que je joue à des jeux violents, j’ai essentiellement eu des consoles Nintendo avec des jeux très softs comme Animal Crossing ou Just Dance par exemple. Ce n’est pas un sujet de discussion que j’aborde souvent avec eux, et ça ne les intéresse pas plus que ça en tout cas. Tant que je ramenais de bonnes notes à l’école, je pouvais me divertir comme je le voulais.”

Armelle : “Mon père a toujours joué aux jeux vidéo, c’est lui qui m’a initiée quand j’étais petite. Comme il avait souvent du temps libre, je pouvais l’avoir à mes côtés pour jouer. Il m’a amenée à jouer à GTA San Andreas, à Tactical Ops, aux Sims… Il ne voyait rien de négatif à ça. A l’inverse, ma mère n’y comprenait rien ! Quand je me suis lancée dans le streaming, j’avais parfois l’impression qu’elle était désintéressée, à la fois parce qu’elle avait du mal à comprendre le principe mais aussi parce qu’elle n’y voyait pas vraiment d’avenir financièrement pour moi. Mais puisqu’elle voit que je le fait avant tout par passion, elle me laisse continuer tout de même.”

Tu as des jeux en tête qui pourraient également apporter des compétences de soft skills ? 

Dustikrab : “Je pense aux Roguelikes en tout premier, et aux jeux Dark Souls aussi. Dans ces jeux-là, il faut rester concentré et avoir un bon selfcontrol pour battre certains boss très difficiles par exemple. Ensuite je citerai des jeux de gestion d’empire comme Age Of Empire ou plus récemment Humankind où il faut savoir gérer beaucoup de paramètres en même temps et prendre les bonnes décisions pour ne pas ruiner sa partie.”

Armelle : “Je pense à Mélatonin qui est un jeu de rythme, il permet de travailler les réflexes et la patience quand on enchaîne les défaites. Ensuite je citerai les jeux Zelda, à la fois parce que je les adore et parce qu’ils sont longs à finir et donc que ça demande beaucoup de persévérance et de détermination. Enfin, je trouve que les jeux Mario Bros. demandent une bonne cohésion d’équipe : j’ai pu y jouer à trois avec ma sœur et son ami, on a pu chacun s’entraider ou faire plusieurs actions groupées pour progresser, mais c’est pas aussi facile qu’on le pense !”