L'APPRENTISSAGE PAR LE JEU VIDEO

Si de nos jours la majeure partie de la société n’associe généralement rien de positif à la pratique des jeux vidéo, c’est parce que la plupart des informations qui atteignent le grand public sur ce sujet concernent en grande partie les risques que le jeu vidéo présente, qu’ils soient réels ou fantasmés. En effet, les deux mots clés qui ressortent le plus souvent quand on aborde le sujet des jeux vidéo sont les risques de dépendance et la violence. Mais qu’en est-il des points positifs ? Malgré les nombreux à priori et préjugés sur cette pratique, il y a des bons côtés assez insoupçonnés partout dans le jeu vidéo, et notamment en ce qui concerne ses bénéfices dans l’apprentissage.

« Chaque jeu a quelque chose à nous apprendre. Si on n’y joue plus, c’est parce qu’il nous ennuie, et que l’on n’a plus rien à en tirer » Ralph Koster dans son livre A Theory Of Fun, 2004. Au même titre que d’autres activités ou loisirs, le jeu vidéo prend souvent sa place comme divertissement ou passe-temps quotidien. Nous apprenons constamment au travers de la pratique de la musique ou du sport par exemple, alors pourquoi la pratique du jeu vidéo ferait exception ? Tout est question de maîtrise d’un art ; car oui, le jeu vidéo a été reconnu en tant que bien culturel d’importance et notamment comme un art par le ministère de la Culture, et le domaine compétitif du jeu vidéo est tout à fait comparable à celui des sportifs de haut niveau. Comme le dit lui-même Rick Fox, ancien joueur de NBA, « Il y a les athlètes digitaux, il y a les athlètes professionnels, […] mais il faut beaucoup de préparation, de concentration, et d’investissement pour devenir un athlète ». Ainsi, les joueurs professionnels d’eSport sont certainement ce qui se rapproche le plus des athlètes professionnels sportifs aujourd’hui, de par le niveau de rigueur, d’entraînement et de dévouement que chacune de ces pratiques exige.

D’après plusieurs études, le jeu vidéo se révèlerait bénéfique à l’apprentissage : « Le jeu vidéo pratiqué de manière intelligente, irait jusqu’à améliorer notre plasticité cérébrale, et bien d’autres choses encore » Jean ZEID, conférence Le jeu vidéo c’est de l’art, TEDx Talks. En effet, il a été prouvé que les jeux vidéo pouvaient améliorer les capacités cognitives du cerveau, comme l’attention, la concentration, la capacité à passer efficacement d’une tâche à l’autre… et bien d’autres.

Les jeux sont parfaits pour rentrer dans le cercle d’apprentissage car tout l’enjeu d’un bon jeu vidéo repose sur un niveau de difficulté bien équilibré : lorsqu’un jeu est trop facile, il devient ennuyeux. Lorsqu’au contraire un jeu est trop difficile, il découragera trop vite et donnera envie au joueur d’abandonner. Si le niveau de difficulté atteint un juste milieu, alors le joueur prendra plus facilement du plaisir à y jouer pour y trouver son lot de récompenses, et donc de dopamine.

Mais qu’est-ce que la dopamine a à voir avec la capacité d’apprentissage, exactement ? Dans le cerveau, les circuits de la récompense sont directement liés à la production de dopamine. En effet, la dopamine est l’ingrédient principal lorsqu’on parle de plasticité cérébrale : « La plasticité cérébrale […] décrivent les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier lors des processus de neurogenèse dès la phase embryonnaire ou lors d’apprentissages. » (Source : Wikipédia). La plasticité cérébrale, en bref, c’est la capacité du cerveau à s’adapter quand on apprend. Les niveaux de dopamine libérés au cours d’une partie sont comparables à ceux que l’on trouve dans d’autres activités. La dopamine est liée au traitement de l’information, à l’attention et à l’apprentissage ; trois éléments que l’on retrouve dans l’expérience des jeux vidéo.

On notera que les meilleurs jeux vidéo pour développer ce cortex préfrontal sont souvent les plus détestés : en effet, on parle de jeux de tir à la première personne (FPS) comme Fortnite, Doom ou encore Call Of Duty. Ils développent en grande partie les capacités cérébrales car ce sont des jeux qui en attendent beaucoup du joueur, ils sont très exigeants.

Selon la hauteur des challenges relevés dans les jeux, les joueurs obtiennent des degrés de satisfaction différents. Que l’on réussisse à battre le boss final de Minecraft, l’Enderdragon, ou que l’on trouve un coffre aux trésors dans un donjon, le niveau de satisfaction du joueur sera bien distinct, tout en restant régulièrement présent à différents degrés au cours d’une partie. A force d’échouer dans ses quêtes, lorsqu’elles demandent un haut niveau de maîtrise, c’est là que la persévérance du joueur et ses facultés à apprendre sont mises à l’appui. « Le plus important est sûrement combien une expérience est gratifiante. Par exemple, apprendre en utilisant des jeux interactifs est tout particulièrement utile pour renforcer la plasticité cérébrale. D’ailleurs, il a été démontré que cette forme d’apprentissage augmente l’activité du cortex préfrontal. » d’après le site CogniFit Research, Magazine sur les troubles de la communication (2010).

Pour revenir à l’exemple de Minecraft, qui est à ce jour le jeu vidéo le plus vendu de tous les temps avec 238 millions d’exemplaires vendus, il serait même devenu un espace pédagogique dans certaines écoles : En effet, depuis 2016, il existe une version éducative, Minecraft : Education Edition, avec des contenus créés spécialement pour les écoles. Cette version connaîtrait un véritable engouement avec 2,6 millions de contenus éducatifs téléchargés au sein du logiciel. La raison ? Il a été prouvé que Minecraft pouvait apporter des compétences en résolution de problèmes complexes grâce à son mode créatif notamment, utile non seulement aux élèves mais également aux enseignants.

Alors oui, il est possible d’utiliser le jeu vidéo comme outil pour d’apprentissage, et même pour développer des compétences qui se révèlent aujourd’hui utiles en entreprise. Les compétences douces ou « soft skills » sont en effet de plus en plus appréciées dans le monde du travail, notamment celles de la communication, de la capacité d’adaptation ou du leadership pour ne citer qu’elles ; et nous savons à quel point le jeu vidéo peut être un bon outil pour apprendre à s’en servir et à les développer. Alors la prochaine fois que vous passez un entretien d’embauche, n’oubliez pas d’ajouter votre jeu vidéo préféré à la catégorie des passe-temps et hobbies de votre CV.